J6… Macharen-‘s-Hertogenbosh-Maastricht-Feneur… 65 km… 3h40… Réveil cool, petit-déjeuner hors du temps, retour du froid (7° degrés en demarrant) et juste l’envie de profiter des deniers coups de pédales… J’ai passé une matinée cool jusque la gare de Hertogenbosh… pour tenter une nouvelle expérience… Prendre un train avec mon vélo… Banal… Pas tant que cela vous allez comprendre… et surtout, j’ai pris ce risque au Pays-Bas en espérant le tenter un jour dans des pays moins “civilisés”.. . 1. Entrer dans la gare sachant que les guichets et les accès au quai sont à l’étage… Simple, il y a un assenceur, pas de chance, il est à l’arrêt pour entretien… Devant quelques fonctionnaires en uniforme, policiers ou personnel de gare, difficile à dire… Il m’indique qu’il y a un autre assenceur de l’autre côté de la gare et qu’il faut prendre un tunnel… Deux tunnels plus tard, un passage par les parkings vélo de la gare et 4×90° à droite, je reviens au même point un peu perdu… Ceux-ci, sympa, voient que je suis un peu perdu (je joue très bien les gars égarés lorsqu’il le faut) et me proposent de transporter mon vélo (bagage compris) par l’escalator… Ils sont jeunes et costauds, mon vélo n’a même pas eu l’air de leur peser… et me voici en haut… 2. La prise de ticket et l’aide PMR pour monter dans le train (à savoir qu’en Belgique, il aurait fallu que je la demande 24h à l’avance et que j’arrive à une heure prédéfinie, bonjour la fin de l’aventure)… et là, le dialogue que je craignais (que je craignais car c’est le même règlement en France et en Belgique (même si mon ministre Georges Gilkinet travaille sur le sujet actuellement)… Je peux avoir l’assistance pour monter dans le train mais je dois y monter mon vélo moi-même (???)… Si cela avait été une chaise, un tricycle ou un fauteuil électrique, c’était ok… mais un vélo 2 roues, c’est un truc de valide donc pas d’aide (Je me suis déjà demandé si je ne devrais pas acheter 2 petits stabilisateurs comme quand on était enfant pour faire le change)… J’ai bon montrer ma carte internationale de handicap et expliquer que mon vélo est spécialement adapté et qu’il s’agit bien d’un matériel “spécialisé”… Rien n’y fera (en langage politique, on parle de discrimination mais cela rentre seulement petit à petit dans les moeurs)… 3. Moment d’hésitation (le plan B, c’est que l’un de mes fils viennent me chercher samedi avec une voiture et le porte vélo… Bonjour la perte de temps et bonjour l’écologie)… Je quitte un moment le guichet et m’en vais retrouver l’équipe de mes bons Samaritains… 5 min plus tard, on est d’accord, ils seront là sur le quai de la gare dans 25 min pour le prochain train et me donneront un coup de main (mais, en riant, ils me disent bien qu’ils ne viennent pas à Maastricht avec moi pour me descendre)… Je prend les tickets au grand étonnement de la guichetière qui me rappelle bien les règles auxquelles j’acquiesce avec le sourire… 4. Montée dans le train… Ils sont 5 à être venu… 2 empoignent le vélo, 2 bloquent le passage aux autres utilisateurs et l’un m’aide même à monter les 2 marches (finalement, cela doit être des policiers de la société des chemins de fer)… Cool… J’y suis… 1h21 de pose… et petite demande à chaque gare auprès des jeunes qui montent pour voir si quelqu’un descend à Maastricht… Je finirai par trouver un gars costaud qui me promettra d’être là pour descendre… 5. Maastricht, on a le temps car c’est un terminal… Tout ira simplement, mes sacs sont juste devant les portes, j’amène le vélo juste derrière… 10 secondes plus tard, je serai sur les quais… Ceux-ci donnent directement sur la rue… Mission accomplie… Je peux rentrer au pays… Si je prend le temps de raconter tout cela, c’est pour que chacun se rende compte du validisme (nouveau mot à la mode mais tellement bien imaginé) la situation en 2022… La règle est qu’un handicapé ne peut pas prendre le train avec son vélo (en France, c’est encore plus comique, si vous cochez handicapé et vélo sur leur site de commande en ligne, vous avez un message d’erreur vous disant que c’est impossible et que vous avez commis une erreur)… Franchement, je n’ai besoin de personne pour me dire ce qui est possible ou pas… J’ai 51 ans et une certaine expérience de la vie qui me permette de juger de mes limites… Je n’ai pas besoin non plus d’un fonctionnaire qui ânonne un règlement… J’ai besoin d’un être humain capable de contourner celui-ci 2 min pour résoudre un micro problème… Porter 2 marches mon vélo… Et justement, c’est d’êtres humains qu’on a tous besoin, pas de guichet électronique, de vente en ligne etc… Des êtres humains (comme mes braves Samaritains) dans toutes les gares afin de permettre à tout le monde de pouvoir utiliser l’infrastructure de manière simple et optimale… C’est cool aussi de pouvoir compter sur les autres citoyens mais c’est pas toujours gagner d’en avoir prêt de soi… La vie, l’aventure, le fun, les vacances sans rien prévoir, ce n’est pas que pour les 60% de “sans problème”, c’est aussi pour tout le monde… Bref, hormis un peu d’adrénaline, tout s’est bien passé… J’ai repris le chemin de chez mes parents que je suis passé embrasser… et c’est ma maman qui m’a reconduit chez moi parce que ma batterie était vide, que j’en avais assez pour la journée, que cela nous permettait de passer une demi-heure heure à deux, que je profiterai ce samedi de l’atelier de mon papa pour faire quelques réglages au vélo et que, finalement, les excuses sont faites pour s’en servir… Fin du mini trip… à bientôt… Buen camino