J20 (49)… Sarria – Arzua… 80km… 4h30, je crois… 1166m de montée… Le matin, on a déjeuné ensemble dans la rue à Sarria… Puis, ils ont démarré, Nicolas en tête, Florian juste derrière… Une légère montée et ils ont vite disparu au coin de la rue… Moi, j’ai attendu Miguel jusque midi pour me rendre à Santiago… et j’ai discuté avec Raphaël du chemin, de son albergue, de sa famille… La route ne suit pas le chemin mais, à quelques endroits, cela se croise pendant quelques km… Miguel m’en faisait parfois le commentaire en Espagnol… Improbable, juste avant Melide, on a dépassé les boys… Miguel a ralenti et, vitre baissée, je les ai encouragé comme lors d’une course cycliste… Ils comptaient justement s’arrêter à Melide mais ils n’ont pas trouvé la ville jolie… Alors, ils ont tiré 16km de plus jusque Arzua… Là, tout était complet mais on leur a ouvert les portes d’un gîte pour grande affluence… Le soir, ils étaient bien, un lit, un repas et la perspective d’arriver au bout du chemin… Moi, une fois arrivé, j’ai passé l’après-midi à régler la suite… Ma chambre est très spartiate même pour les critère du chemin et Santiago est full comme un œuf à cause des fêtes de la Saint-Jacques pour demain… J’ai trouvé un accord pour faire démonter les vélos demain après-midi et les renvoyer en caisse chez mon réparateur à Saive… J’ai trouvé 3 places dans un bus dimanche matin pour revenir à Bordeaux… C’étaient les dernières avant vendredi prochain… et j’ai une chambre 3 personnes entre le centre et la gare pour notre première et dernière nuit ici… Ensuite, j’ai été me promener dans les rues de la ville que j’ai arpenté 4 jours, il y a 4 ans… Je n’ai pas été sur la Plaza de la Cathédrale, je l’ai réservé pour demain pour acceuillir Florian et Nicolas… Je me suis juste posé un instant dans la Cathédrale en y rentrant par un côté… J’ai eu le temps de regarder un peu en arrière… Pas encore très profondément, cela viendra avec les jours qui viennent lorsque la fatigue, le repos, le retour feront un mélange qui fera le tri dans les idées et les émotions… Mon chemin depuis 4 ans et ma première arrivée ici comme pèlerin… et celui qui s’ouvre à moi… Mon chemin de père, entamé il y a 27 ans, lorsque j’ai pris la décision d’avoir des enfants, même si rien n’était gagné notamment parce que le corps médical trouvait cela inconscient au vu de mes perspectives de survie et du risque que mes enfants puissent être atteint du même mal que moi… Je me rappelle encore de ma réponse au grand neurologue du CHU… J’avais gagné au loto, il était peu probable que mes enfants gagneraient aussi… Il était furieux de tant de désinvolture… Le résultat est que je suis toujours là et que mes enfants se portent bien… Ils sont fort dans leurs corps, leurs têtes et, surtout, dans leurs coeurs… Qu’aurais-je pu rêver de plus?… Au fur et à mesure des pas, j’ai pris conscience de mes jambes… C’était leur premier jour sans pédaler depuis presque 3 semaines et je ne les ai oas ménagé… Marcher demande d’autres mouvements, appuis, efforts… Je les ai trouvé plus fortes, plus sures, plus fermes… Illusion ou réelle sensation?… Depuis 4 ans, j’ai un traitement et j’espère pouvoir re-découvrir de nouvelles forces disparues il y a si longtemps… Peut-être que ce chemin sera un déclic… Déjà, arriver ici sans chute, sans jour sans, avec, finalement, plus de limite technologique que physique, c’est déjà bien… mais je me contente rarement du bien lorsqu’il s’agit de moi… ou peut-être dois-je encore l’apprendre?… Je me suis, enfin, posé pour manger… Je me suis rendu compte que je n’avais rien avalé depuis le matin… Peut-être la perspective inconsciente de manger seul… après avoir tant partagé… Le petit resto que j’ai choisi était le bon… Son patron était un spectacle à lui tout seul… Acceuil des clients, services, présentation des menus, en Espagnol, Anglais, Français, Italien… La serveuse et lui semblaient s’amuser autant l’un que l’autre au fur et à mesure des commandes et des plats… J’ai observé les clients, les passants, humé l’atmosphère, j’ai toujours adoré faire ça… Lorsque je suis rentré me coucher, la fête faisait résonner la ville… Les basses dureront toute la nuit… Cela ne m’a pas empêché de dormir d’un juste sommeil… Acceuillir mes fils au bout du chemin mérite que je sois frais et dispo… Buen camino…